5 Cadran vertical déclinant

On part du cadran vertical méridional, et on tourne la table d’un angle Δ autour de l’axe ⃗z. On choisira la convention Δ < 0 pour une orientation vers l’Est, et Δ > 0 pour une orientation vers l’Ouest. Le système de coordonnées associé au cadran déclinant est décrit sur la figure 3.


PIC

FIG. 3: Cadran vertical déclinant.


5.1 Cas général

Dans le repère (O,⃗xD,⃗yD,⃗z) le style est représenté par

          (             )
            cos φ cosΔ
O⃗B ′ = Ls (  cosφ sin Δ  ) ,
              - sin φ
(19)

et M appartient au plan du cadran d’équation xD = 0, d’où O⃗M = (     )
   0
(  yD )
   z et donc

       2    2        2    2       2    2       2
    - yD(sin  δs - cos φ sin  Δ ) + z (sin φ - sin δs)
+   - 2yDLs cosφ cos2δs sin Δ + 2zLs sinφ cos2δs - 2yDz cos φsinφ sinΔ
     2    2
+   Ls cos δs
=   0.                                                                    (20 )

Pour la déclinaison nulle, on trouve

yD cos φsinΔ  - z sin φ = Ls,
(21)

et en reformulant cette équation sous la forme

       sin Δ     Ls
z = yD tan-φ - sinφ-,
(22)

on vérifie qu’on a bien le même résultat que celui publié par O. Tomas [3].

À l’aide d’une rotation du système de coordonnées, on peut faire disparaître le terme yz de l’équation (20) (cf. appendice A). L’angle de rotation est déterminé par l’équation

            2        2    2         2       2
---1-- = sin--φ --cos-φ-sin--Δ-=  tan--φ --sin--Δ-,
tan 2θ     2 cosφ sin φ sin Δ       2 tanφ sinΔ
(23)

soit encore

          2 tan φ sin Δ        2sinΔ ∕ tanφ
tan2θ =  -----------2---=  ------2----------.
         tan2φ - sin Δ     1 - sin  Δ ∕tan2 φ
(24)

Or on sait que

tan 2x =  -2-tanx--,
          1 - tan2 x
(25)

donc en on déduit que l’angle de rotation θ est défini par

tan θ = sinΔ-,
        tan φ
(26)

ce qui correspond à la pente de la droite décrite par l’équation (22), ainsi qu’à l’angle que fait la sous-stylaire avec la ligne de midi [4]. À l’époque de Bedos de Celles, l’équation (26) s’exprimait ainsi [5] : «Le sinus total est au sinus de la déclinaison du plan, comme la tangente du complément de la hauteur du pôle sur l’horizon du lieu est à la tangente de l’angle compris entre la Méridienne et la soustylaire».

Dans le nouveau repère on a alors

a′y ′2 + c′z′2 + 2d ′y′ + 2f′z′ + g′ = 0,
(27)

avec

a′ =   - sin2δs,                                          (28a )
c′ =   cos2δ  - cos2φ cos2Δ,                              (28b )
 ′          s
d  =   0,            ∘ ---------------                    (28c )
 ′                2       2        2
f  =   Ls cosφ cos δs  tan  φ + sin  Δ,                    (28d )
g′ =   L2 cos2δ .                                         (28e )
         s     s
Ceci est une hyperbole si aet csont de signe opposé, donc si cest positif, soit encore si
cos2 δs
---2--->  cos2Δ,
cos  φ
(29)

ce qui est toujours vrai en dehors de la zone entre les tropiques (|φ| > |δs|).

Par contre, dans la zone tropicale, on peut toujours trouver un mur tel que cos 2δ s cos 2φ < cos 2Δ, et on pourra avoir des ellipses comme lignes de déclinaison. Celles-ci ne seront bien sûr pas complètes, puisque lorsque le Soleil est couché, il n’y a pas d’ombre.

Ainsi sur la figure 4, nous présentons deux exemples de cadrans verticaux déclinants. Le cadran de la figure 4(b) montre une ligne de déclinaison elliptique dans son coin supérieur droit.


PIC
(a) Cadran vertical de déclinaison -30 Est pour la latitude φ = 48 Nord.
PIC
(b) Cadran vertical de déclinaison -11 Est pour la latitude φ = 15 Nord.
FIG. 4: Exemples de cadrans solaires verticaux déclinants. Lignes calculées pour les déclinaisons δs = ±23.44, δ s = ±11.725 et δ s = 0.


5.2 Cas particuliers : le cadran oriental et le cadran occidental

Dans le cas particulier Δ = ±π∕2 (table face à l’Est pour Δ = -π∕2, face à l’Ouest pour Δ = +π∕2), alors

   c′  =  cos2 δs,                                (30a )
    ′           2
   f   =  Ls cos δs,                             (30b )
            --1--
tan θ  =  ± tan φ .                              (30c )

PIC

FIG. 5: Disposition des repères pour le cadran occidental et oriental.


Dans ce cas, le style est dans le plan où l’on veut observer l’ombre (comme on l’a déjà vu dans la partie 3.2).Pour cette raison, les cadrans orientaux ou occidentaux ont un style parallèle à la table, ce qui pour nos calculs revient à étudier l’ombre du style non plus dans le plan x = 0 mais x = ±α, ce qui a pour effet de faire apparaître un terme sin 2δ sα2 dans le membre de droite de l’égalité (20). Après changement de repère, on obtient :

(z′ + Ls )2 - y′2tan2 δs = α2tan2 δs.
(31)

Le style étant parallèle à la table, on peut faire tendre sa longueur vers 0, et le remplacer par une tige de longueur α perpendiculaire à cette même table, et c’est l’ombre du somme de cette tige qui indique l’heure. Dans ces conditions, la trajectoire de l’ombre se simplifie pour donner (cas du cadran oriental) :

            ∘ --------
z′ = - tan δs  y ′2 + α2.
(32)

L’analogie entre le cas du cadran vertical oriental et du cadran horizontal à l’équateur est évidente pour des raisons géométriques : à partir du moment où le style est parallèle à la table, peu importe la latitude ou le type de cadran.

5.2.1 Vérification de l’azimut de lever


PIC

FIG. 6: Cadran oriental : vue de face et vue de dessus. Le point L représente l’ombre de l’extrémité du style au lever du soleil un jour d’automne ou d’hiver (δs < 0).


Lorsque le Soleil se lève, son ombre se situe sur l’axe ⃗yD (à l’intersection de la courbe de déclinaison et de cet axe, voir la figure 6). La distance entre ce point et l’origine vaut l = α tan Ac, avec Ac = π∕2 + A A désigne l’azimut du soleil (pris négatif à cette heure du lever du soleil). L’angle Ac est positif pour un lever d’automne et d’hiver (cas de la figure 6), et négatif pour un lever de printemps ou d’été. Par ailleurs, on voit que pour ce point z= l cos φ = α tan Ac cos φ et y= l sin φ = α tan Ac sin φ. En remplaçant dans l’équation (32) puis en élevant au carré on obtient

    2             tan2δs
tan  Ac =  cos2φ---sin2φ-tan2δ-.
                              s
(33)

Sachant que sin2x = tan 2x∕(1 + tan 2x), on en déduit (le calcul est précisé dans l’annexe C)

           sin-δs
sin Ac =  - cosφ .
(34)

Avec Ac = π∕2 + A, on trouve donc en définitive

          sinδs
cos A = - cos φ,
(35)

qui est bien le résultat attendu [6].

5.2.2 Vérification de l’angle de lever par rapport à l’horizon

D’après l’équation (32), on sait que

dz-′          1----2y-′---            ′---tan-δs      2   y′
dy ′ = - tan δs2 ∘ α2 + y′2 = - tan δsy   z ′   = tan  δsz′,
(36)

or on a vu dans la section 5.2.1 qu’au moment du lever y∕z= tan φ, par conséquent à ce moment là

dz′      2
dy′ = tan  δstan φ.
(37)

À l’aide de la matrice de rotation décrite dans l’annexe A, on peut donc calculer sur la table du cadran la pente de la courbe de déclinaison (ou plus précisément de sa tangente) au lever du Soleil dans le plan (yDOz), à savoir

 dz                sin2φ -  cos2δ
---- = tan θom0bre = --------------s.
dyD                   sin φ cosφ
(38)

Cependant, pour déterminer l’angle que fait la trajectoire journalière du Soleil avec l’horizon au lever, c’est la quantité dz∕dy′′ qu’il faut évaluer, où y′′ est mesuré sur l’axe horizontal perpendiculaire au rayon du Soleil passant par l’extremité du style (figure 6). En effet, la trajectoire du Soleil au lever est contenue localement dans le plan vertical tangent en L au cercle horizon dont le centre peut être placé à l’extrémité du style. Sachant que y′′ = yD cos Ac et que le Soleil monte lorsque son ombre descend, on en déduit

    Soleil     --1---     ombre       ---------1----------sin2-φ --cos2δs-
tanθ0    =  - cosAc tan θ0     =   - ∘1----sin2δ-∕cos2-φ   sin φ cosφ
                                                s        2
                                     ------cosφ-------sin--φ---cos2δs-
                               =   - ∘ cos2φ -  sin2 δ   sinφ cos φ
                                   ∘ --------------- s
                                   --cos2-δs --sin2φ-
                               =         sinφ       .                      (39 )
En utilisant la relation cos 2x = 1(1 + tan 2x), on trouve enfin
cos θSoleil = -sin-φ-,
     0      cos δs
(40)

qui est le résultat déjà obtenu par ailleurs [6].