3 Calcul de la position et de la longueur de l’ombre d’un style

Un cadran solaire horizontal comporte un style incliné de π∕2 - φ par rapport à la verticale locale de sorte à ce qu’il soit parallèle à l’axe de rotation de la Terre. Il pointe donc en direction du Nord.

 


PIC

FIG. 2: Ombres d’un style vertical et d’un style incliné de π∕2 - φ par rapport à la verticale (d’après [3]).

 


On va cependant étudier dans un premier temps le cas du style vertical, qui permet d’établir quelques relations utiles par la suite.

3.1 Étude du style vertical

Pour l’angle horaire H , la longueur L = || ⃗ OC|| de l’ombre au sol d’un style vertical de longueur L = || ⃗ OB|| vérifie la relation (figure 2 ) :

 L ′ 1 tan h = L-′ ⇒ L = L. tan-h-
(6)

L’angle A que fait l’ombre avec le méridien local (l’azimut, donc) vérifie (facilement obtenu à partir de l’équation (4 ))

tanA = --------sinH---------- sin φcos H - cosφ tanδs
(7)

Cet angle dépend de H et φ bien sûr, mais également de δs.

La longueur Lp de la projection de l’ombre du style sur le méridien local vaut

L′ = ||O ⃗C ||.cosA = L cosA- p tanh
(8)

Or lorsque δs = 0 (équinoxes de printemps et d’automne), on a (d’après (4 ))

cos A = tanφ tanh
(9)

donc dans ce cas particulier, la longueur de la projection est une constante :

L ′ = ||O ⃗C ||.cosA = L.tan φ p(δs=0)
(10)

L’extrémité de l’ombre parcourt donc une droite perpendiculaire au méridien local.

 

3.2 Étude du style incliné

 

3.2.1 Longeur de l’ombre

On incline le style de manière à ce qu’il fasse un angle π∕2 - φ avec la verticale. Il est alors parallèle à l’axe de rotation de la Terre. On note Ls = ||O⃗B ′|| la longueur du style incliné, définie par la relation

-L-= sinφ ⇒ Ls = L--1-- Ls sinφ
(11)

Dans le triangle (OOC), on a  ′ sin(A---A-) OO ′ =  ′ sin-A-- O ′C ′. Après un peu de calcul, on trouve la relation

tanA ′ = tan H sin φ
(12)

Dans le cas du style incliné, l’angle que fait l’ombre avec le méridien local en fonction de H ne dépend plus de la déclinaison δs, d’où l’intérêt de cette géométrie pour la construction d’un cadran solaire. La longueur Ls = OC de l’ombre peut se calculer assez facilement :

L ′s = ||OC⃗ ′|| = ||OO⃗ ′ + O⃗′C′|| = ||O ⃗O ′||2 + ||O⃗′C ′||2 + 2O⃗O ′.O ⃗′C ′
(13)

On trouve finalement puisque O ⃗′C′ = O⃗C :

 ∘ ---------------------------------- ′ --1--- --1--- --1----1-- Ls = L tan2φ + tan2 h + 2tanh tanφ cosA
(14)

À midi vrai, la relation (14) se simplifie et la longueur de l’ombre devient

 ′ 1 1 L s = L(tanh-+ tan-φ)
(15)

En utilisant les relations (5) et (11), on peut encore simplifier pour obtenir une relation entre la longueur de l’ombre et la longueur du style incliné à midi vrai :

L′s = Ls --cosδs--- cos(φ - δs)
(16)

 

3.2.2 Cas particulier de la déclinaison nulle

Si l’on regarde la longueur Lsp de la projection de l’ombre sur le méridien local, on a cette fois

L′sp = ||O⃗C ′||.cosA′
(17)

Pour le cas particulier δs = 0, on obtient après calcul la relation

 ′ 1 Lsp(δs=0) = L.sin-φcosφ-
(18)

L sp(δs=0) est donc une constante et l’extrémité de l’ombre parcourt une droite perpendiculaire au méridien local. En fait cette propriété est évidente après le calcul du style droit et l’étude attentive de la figure 2 , la valeur de la projection pouvant être calculée également très facilement si l’on appelle ⃗u le vecteur unitaire porté par le méridien local et dirigé vers le Nord :

L′sp(δs=0) = O⃗C ′.⃗u = (O⃗C + C⃗C ′).⃗u = O⃗C. ⃗u+ CC⃗ ′.⃗u
(19)

or le calcul de O⃗C.⃗u correspond à celui du style droit, et par construction CC⃗ ′ = O⃗O ′, on en déduit donc finalement

L ′ = L.(tanφ + --1--) = L.----1----. sp(δs=0) tan φ sin φcosφ
(20)

On peut constater que l’équation (20 ) est identique à (18 ) et est bien compatible avec l’équation (16 ).

 

3.2.3 Tracé d’un cadran solaire horizontal

Avec les formules qui précèdent, on est en mesure de dessiner un cadran solaire. Le cadran représenté sur la figure 3 a été calculé pour une latitude de 48, Nord. Les points notés O et O correspondent aux points du même nom sur la figure 2 .


PIC

FIG. 3: Cadran solaire horizontal

 


La courbe en huit visible sur la ligne du midi vrai est parfois appelée analemme. Elle est la conséquence de l’équation du temps. Les lignes de déclinaison pour les solstices et les équinoxes sont également visibles, et ont été ici calculées à partir de la formule (14).

3.2.4 Ombre limite

En première approximation, on peut considérer que le Soleil se lève et se couche lorsque h = 0 (dans la pratique, il faut tenir compte du diamètre angulaire du Soleil et de la réfraction de l’atmosphère). Des équations (4 ), on déduit qu’à ce moment là, H doit vérifier la relation

cosH = - tanφ tanδs
(21)

On montre qu’alors

 2 2 lim tan2A = lim tan2 A′ = cos-δs --sin-φ h→0 h→0 sin2 δs
(22)

Lorsque le Soleil se couche, son ombre suit donc une asymptote dont la pente est donnée par (22 ).

Il est cependant possible que le Soleil ne se lève jamais ou ne se couche jamais. En effet, sinh > 0 implique par exemple φ > π∕2 - δ. Au Pôle Nord (φ = π∕2), cette relation est vérifiée dès que δ > 0, c’est-à-dire de l’équinoxe de printemps à l’équinoxe d’automne. De manière plus générale, pour des latitudes supérieures à 66°33 ou inférieures à -66°33 (latitudes des cercles polaires), il existe un ou plusieurs jours où le Soleil ne se lève pas et où le Soleil ne se couche pas (plus on se rapproche des pôles, plus cette durée est longue).